Les clés du coffre de mes émotions
J'avais lu il y a quelques temps que les blessures de notre enfance étaient gardées dans un coffre dont seuls nos enfants avaient la clé.
Sur le moment, je n'avais pas bien compris le sens de ces mots.
À force de me laisser submerger par ce torrent d'émotions à chaque moment de tension, j'ai finalement compris que mes filles avaient forcément trouvé cette fameuse clé...
Lors de mon récent séjour en France, un nouvel ouvrage est venu rejoindre notre "bibliothèque de parents". Ce livre, "Il n'y a pas de parent parfait" d'Isabelle Filliozat, aurait très bien pu rester sur les étagères de la librairie où je l'ai trouvé à cause de cette courte phrase qui est inscrite juste en-dessous du titre: "La manière dont nous éduquons nos enfants est le résultat de notre histoire personnelle".
Et si je refuse d'y croire?
Et si je ne voulais pas que mes filles vivent les mêmes expériences que moi?
Et si finalement je n'avais pas vraiment le choix?
À travers ce billet, je n'ai aucune intention d'aborder l'éducation que j'ai pu recevoir de mes parents. Elle est ce qu'elle a été, avec ses bons
et ses mauvais côtés, celle que mes parents ont choisi en pensant faire de leur mieux, comme le font (j'imagine) la plupart d'entre nous. Il s'agit simplement
pour moi de chercher à comprendre pourquoi mon comportement échappe trop souvent à mon contrôle et comment je pourrais apprendre à exprimer différemment mes émotions.
"Quand nous avons été blessés petits, et avons du refouler nos émotions, non seulement nous avons conservé la trace de ces affects directement liés aux frustrations, humiliations et injustices subies, mais nous avons aussi conçu du ressentiment du fait de n'avoir rien pu dire".
Et si j'avais appris à vivre en étouffant systématiquement la moindre émotion, à ne rien laisser transparaître et à toujours tout dissimuler?
"La compulsion à humilier, dévaloriser, juger, frapper est une projection sur l'enfant des fureurs réprimées dans notre propre enfance. La colère originelle est majorée par la tension, la frustration, l'humiliation de n'avoir pas pu la dire... Elle peut devenir rage et haine quand elle rappelle les silences forcés de notre histoire. La compulsion violente est tout à la fois vengeance et tentative de guérison".
J'ignore si je serais un jour capable d'ouvrir ce coffre où tout a été si bien gardé pendant longtemps. Ces souvenirs ont-ils réellement besoin d'être remués pour me permettre d'avancer? Et si plus tard mes filles reproduisent ce que je leur fais vivre aujourd'hui, comment pourrais-je alors les aider?
"Être conscient d'avoir été blessé est insuffisant. Tant que les émotions refoulées n'ont pas pu être exprimées et entendues, elles seront actives. Une attitude en opposition à celle de nos parents ne dit que notre colère rentrée envers eux. Elle n'est pas une position éducative rationnelle."
Ce billet est ma participation aux Vendredis Intellos.