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Blog Lifestyle d'une Bretonne Expatriée

Cet autre "Moi"

Dans mon dernier billet, je faisais allusion à ce "sac" que j'avais bien du mal à porter et que j'ai récemment entrepris de vider (tout un programme!). Encore une fois, c'est en lisant quelques pages du livre de Laura Gutman ("La maternidad y el encuentro con la propia sombra" / La maternité et la rencontre avec notre ombre) que j'ai voulu en savoir davantage sur ce poids qui se révèle en partie grâce à l'expérience de la Maternité.

 

"L'ombre est le grand sac que nous traînons derrière nous" [Robert Bly]

 

Selon Robert Bly, nous passons les vingt premières années de notre vie à remplir notre sac en y gardant nos émotions refoulées, nos sentiments inavoués ou tout ce que nous ne considérons pas conforme à l'image que nous nous efforçons de construire. Ce grand sac renfermerait alors toutes ces parties sombres de nous-mêmes que nous aimerions pouvoir garder secrètes.

 

Dans un précédent billet sur cet ouvrage, j'avais abordé le sujet du lien fusionnel qui unit une mère à son enfant, ce lien même qui implique un dédoublement des émotions de la mère étant donné que ses émotions se manifestent autant dans son corps que dans celui de son enfant.

 

"Ce qui est le plus incroyable, c'est que le Bébé ressente personnellement tout ce que ressent sa mère, surtout ce qu'elle ne parvient pas à reconnaître, ce qui ne réside pas dans sa conscience, ce qu'elle a relégué dans l'Ombre".

 

Mais qu'est-ce que l'Ombre?

 

Ce terme, utilisé par Carl Gustav Jung (Médecin, Psychiatre, Psychologue et essayiste suisse 1875 - 1961), intègre davantage de notions que l'inconscient de S. Freud. Il fait allusion à ces zones cachées de notre psyché mais aussi aux faces inconnues de notre monde spirituel (rien que ça!).

 

"L'ombre est une partie de la psyché formée de la part individuelle refoulée, mise à l'abandon par l'éducation, et qui rassemble des complexes psychiques souvent perçus par la conscience comme négatifs, à l'origine du caractère et des humeurs". [Source

  

Ombre.jpg

 

Selon Laura Gutman, la naissance d'un enfant entraîne nécessairement la rencontre avec notre ombre. L'auteur insiste sur le fait que les manifestations "gênantes" auxquelles l'enfant nous confronte au quotidien (pleurs, maladies, etc...) sont souvent provoquées par l'ombre de sa mère.

 

Ces manifestations auraient alors pour but de conduire la mère à s'interroger sur l'origine de ces émotions afin de l'amener à les surmonter.

 

En découvrant ces mots, je ne peux que me souvenir de ces moments de détresse dans lesquels il m'est arrivé de me trouver alors que je vivais les premiers mois de ma maternité. Je m'étais rêvée, imaginée, idéalisée en mère exemplaire et, comme tant d'autres avant moi, je m'étais lamentablement retrouvée piégée par la réalité. Ce Bébé qui ne faisait que pleurer (et moi avec), cette avalanche de doutes et d'interrogations... Peut-être que si j'avais pris le temps d'écouter ces symptômes plutôt que de chercher à les faire taire, nos débuts en auraient été moins chaotiques?

 

Laura Gutman pense que les manifestations du bébé sont le reflet de l'ombre de sa mère. Ainsi, le Bébé serait une véritable chance pour la mère qui aurait alors l'opportunité de visualiser ses parties les plus secrètes afin de se connaître davantage elle-même, de délier tant de noeuds qu'elle pourrait avoir gardé de son passé.

 

"Utiliser les manifestations du Bébé comme le reflet de propre ombre est une possibilité parmi tant d'autres de croissance spirituelle de la mère".

 

Il faudrait alors cesser de chercher à faire taire ces symptômes exprimés par le Bébé et par sa mère mais plutôt chercher à comprendre leur origine.

 

Ainsi, Laura Gutman évoque le lien qui existe entre la dépression post-partum (DPP) et la rencontre d'une mère avec son ombre. Il est très fréquent que le diagnostic de la DPP se fasse lors d'une consultation pédiatrique. La mère se plaindrait des troubles du sommeil ou de l'alimentation de son bébé et le spécialiste aurait alors une réponse toute prête: l'état émotionnel de la mère se répercute sur son enfant. Cependant, au lieu de chercher à éliminer toute trace de symptôme, Laura Gutman recommande d'éviter de faire un amalgame...

 

Que pourrais-je alors traduire de ces réactions cutanées que j'ai vécu la première année de notre fille (une poussée d'eczéma localisée essentiellement sur les mains) et qu'elle a du supporter elle aussi sur une grande partie de son corps? Sans cela, aurais-je vraiment su écouter ces autres symptômes que je n'avais pas su décrypter jusqu'alors?

 

En devenant mère, j'ai pris conscience de tout ce que j'avais gardé durant trop longtemps dans mon sac. Tout ce que je n'avais pas su ou voulu voir s'était révélé de façon brutale et je n'avais pas d'autre choix que de faire la lumière sur toutes ces zones d'ombres du passé. 

Toutes ces difficultés qui me semblaient insurmontables m'ont parfois fait m'interroger sur la possibilité de vivre une DPP alors qu'en réalité il suffisait d'être plus à l'écoute de tous ces messages que tentaient de me transmettre mon corps (ou son reflet dans le comportement de notre enfant).  

En devenant mère, j'ai appris à mieux me connaître et j'ai découvert de nouveaux côtés de ma personnalité que j'ignorais auparavant. Comme la plupart des choses qui nous entourent, il n'y a pas forcément que du positif mais si j'en crois ce que dit C G Jung, "La reconnaissance de l'existence de notre côté sombre permet de relativiser le bon et le mauvais qui se trouvent en nous et de transformer ces deux entités en deux moitiés d'un tout paradoxal".

 

Ce billet est ma contribution aux Vendredis Intellos de Madame Déjantée!

Les Vendredis Intellos

 

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M
<br /> Je poursuis mon commentaire amorcé sur le blog collectif... <br /> <br /> <br /> Cet angle de vue est intéressant, d'abord parce que pour moi la perturbation et la résurgence d'éléments passés à la naissance d'un enfant (et plus particulièrement encore du premier!) me semble<br /> une réalité peu contestable... Alors oui! pourquoi pas se poser ces questions pour mieux se connaître, trouver la paix avec soi même et son enfant!!!<br /> <br /> <br /> Mais il n'en demeure pas moins que je reste prudente avec cet angle d'approche s'il devient facteur de culpabilisation ou de malaise... Je parle ici de mon expérience personnelle avec mon aîné...<br /> Bébé, il pleurait presque constamment, ne dormait que très peu... plus tard il a traversé une période de troubles alimentaires... plus tard encore il a eu des angoisses morbides, etc etc etc...<br /> Les psychologues ont pointé du doigt mes éventuelles inquiétudes pendant la grossesse, mes relations avec ma mère, des éventuels problèmes dans la fratrie, dans notre couple, on nous a dit qu'on<br /> lui donnait trop de responsabilités, qu'il avait des problèmes relationnels avec moi... nous de notre côté, on s'est questionnés encore et encore, remis en question, encore et encore... peut être<br /> en a-t-on appris sur nous même mais au prix de combien de douleurs?? Au final, les réponses commencent à arriver pour l'APA, rien de tout cela n'est en cause... tout ça pour ça???!!! Alors<br /> questionnons nous: OUI!! Mais protégeons nous aussi!! <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas si longtemps sur les VI, une neuroneuse citait Freud en disant qq chose du genre "quoi que vous fassiez [en tant que parent] vous ferez mal"... je déteste cette approche... J'ai<br /> envie de dire "quoi que vous fassiez avec amour, vous ferez le mieux!!".<br />
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M
<br /> <br /> Rien n'est simple en la matière car j'ai moi-même entendu ce refrain disant que peu importe nos choix, ils ne seront jamais corrects... J'essaye toujours de faire de mon mieux et même s'il est<br /> évident que les choix que je fais aujourd'hui seraient différents avec l'influence du temps. L'idée principale de mon billet est bien de montrer la relation qui existe entre les émotions vécues<br /> par la mère et celles exprimées par l'enfant, mais bien d'en tenir compte de façon à avancer et non pas à tourner en rond autour d'un éventuel problème.<br /> Merci beaucoup de me faire partager ton expérience avec ton aîné!<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Le bébé ressent tout des états émotionnels de sa mère, c'est indéniable. D'ailleurs, ne dit-on pas : "maman pas bien, bébé pas bien" ?<br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si je t'en avais déjà parlé, mais au tout début de l'existence de ma Première, elle "grognait" souvent ; elle ne pleurait pas, mais gesticulait dans son cocon, et semblait tout le<br /> temps dérangée. J'ai associé ça aux coliques du nourisson.<br /> <br /> <br /> Sauf que quand je suis allée l'emmener chez l'ostéopathe, ce dernier m'a alors confié qu'elle avait une grosse tension au niveau de la tête mais pas grand'chose au niveau du ventre. Il avait<br /> alors conclu (il m'avait posé moult questions juste avant évidemment) que j'avais très mal vécu mon hospitalisation pour menace d'accouchement prématuré à 5,5 mois, pareil pour le fait d'être<br /> alitée les 3 derniers mois, et également mon accouchement à 1 mois du terme, avec souffrance du bébé et transfert en service de néo-nat'.<br /> <br /> <br /> Il m'a conseillé de raconter tout ça à ma Première, comme si je racontais ma grossesse et mon accouchement à un adulte, et surtout, surtout, lui dire que rien n'étais sa faute.<br /> <br /> <br /> J'ai pris mon courage à deux mains, j'ai tout raconté à ma Première, et ça a été miraculeux. Elle allait beaucoup mieux et ne "grognait" plus du tout.<br /> <br /> <br /> Quant à ma deuxième, j'ai eu une grossesse tumultueuse, je ne lui ai pas parlé beaucoup et résultat : hurlements pendant deux mois et demi... quand j'ai enfin décidé de lui parler, ça allait<br /> mieux. C'est un bébé zen maintenant.<br /> <br /> <br /> Bizarre !<br />
Répondre
M
<br /> <br /> Je n'ai jamais réussi à parler aussi sincèrement avec Miss N. et je crois qu'il y a bien des évènements de notre grossesse qui ont eu leurs conséquences. J'ignore s'il est trop tard pour lui<br /> parler maintenant qu'elle comprend tant de choses... Pourquoi ne pas essayer après tout?<br /> <br /> <br /> <br />