Rentrer en France
En parcourant les derniers articles de ce blog, je me réjouis de voir que mes phrases sont optimistes et que mes photos mettent en valeur ces endroits que j'ai eu tant de bonheur à retrouver depuis mon retour dans le Finistère.
Pourtant, seules les personnes proches de mon entourage sont actuellement au courant de ma situation depuis que j'ai quitté l'Espagne. Si la disparation brutale de ma mère, un mois à peine après mon arrivée en France, est l'un des facteurs les plus aggravants de cette période si difficile, un grand nombre d'autres épreuves sont venues s'ajouter à mes journées...
Voilà maintenant trois mois que j'ai quitté l'Espagne pour revenir en France. Après dix ans d'expatriation, j'étais consciente qu'il serait laborieux de retrouver un semblant d'équilibre et même si j'avais anticipé autant que possible, je m'étais préparée d'avance aux lenteurs de l'administration française. J'étais bien loin de m'imaginer ce que j'allais devoir endurer...
Il y a déjà deux mois que je suis hébergée chez ma grand-mère de 86 ans avec mes deux enfants. Je commence à trouver le temps extrêmement long pour une situation qui devait être provisoire. Chaque jour j'ai l'espoir de recevoir enfin une réponse positive des organismes chargés de mon dossier, en vain.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que l'on me propulse d'un bureau à l'autre, d'un organisme à l'autre, que je traite avec des personnes plus insensibles et incompétentes les unes que les autres.
Chaque jour je surveille que mes filles n'avalent pas les médicaments de ma grand-mère ou qu'elles ne cassent pas les précieux trésors de toute une vie. Chaque jour j'angoisse de les entendre tousser ou se plaindre d'un mal de ventre parce que je sais qu'il va encore falloir que j'assume tous les frais liés à une consultation chez un médecin. Chaque jour je m'efforce de dissimuler la tristesse que je peux ressentir à l'évocation du souvenir de ma mère car je sais combien il est difficile pour ma grand-mère d'accepter la perte de son deuxième enfant. Chaque jour je suis malmenée par le rythme quotidien d'une personne âgée: Défilé du personnel médical, horaires décalés, manque d'autonomie et absence de vie sociale. Chaque jour je me persuade que tout finira par s'arranger et que je parviendrai à redonner une vie "normale" à mes deux Princesses... Pendant combien de temps vais-je tenir?
Trois mois que je suis rentrée en France. À l'heure actuelle, je n'ai pas de couverture sociale, pas de droits au logement et je ne bénéficie d'aucune prestation familiale.
"Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon coeur"...
Je suis née à Brest, j'ai grandi dans cette région dont je suis si fière alors comment expliquer à quel point je suis déçue par ce que je vis actuellement? Lorsque j'ai entendu devant moi une personne de la CPAM de Brest dire de mon dossier: "C'est compliqué... Elle est française", j'ai eu beaucoup de mal à comprendre ces mots. En quoi ma situation serait plus compliquée à cause de ma nationalité? Je suis citoyenne d'Europe, j'ai travaillé et cotisé en France avant mon départ, puis en Espagne durant toutes ces années d'expatriation.
Pourquoi ai-je alors l'impression d'être l'objet d'une injustice?
Pourquoi ma situation n'est-elle pas considérée urgente alors que je suis seule, sans ressources avec deux enfants à ma charge?
Le courage qu'il m'a fallu pour quitter l'Espagne a laissé la place à l'angoisse de ne pas être à la hauteur, à la peur de flancher à force de trop porter à bout de bras, à la crainte de devoir quitter à nouveau la France si je ne parviens pas à régulariser ma situation.
Ce blog n'a pas pour vocation d'être un étalage de ma vie privée mais à situation désespérée, écrits désespérés... Si vous avez la moindre idée d'un organisme susceptible de m'aider dans mes démarches, d'une association visant à aider des français qui rentrent en France après une expatriation, n'hésitez pas à me laisser vos commentaires...
Merci d'avance.