Revenir en Bretagne... Après dix ans en Espagne
S'il y a bien une question que j'ai eu l'occasion d'entendre lorsque j'ai annoncé à mes proches que je quittais l'Espagne pour revenir en Bretagne, c'est bien celle-ci:
Bizarrement, personne ne m'avait demandé si j'arriverais à m'adapter au climat méditérranéen lorsque j'ai quitté la Bretagne dix ans plus tôt!
[Quand je suis partie en Espagne, tout le monde semblait trouver ça génial mais quand j'ai décidé de revenir, tout le monde m'a prise pour une folle].
Voilà déjà 18 mois que je suis de retour dans le Finistère (oui moi aussi du mal à y croire) et je peux désormais répondre à cette fameuse question...
Je n'ai eu aucun mal à m'habituer de nouveau au climat océanique qui caractérise la région et je mentirais si je disais avoir réellement ressenti un manque de soleil.
Il faut savoir qu'il y a (en moyenne) le double d'heures d'ensoleillement par an à Castellón qu'à Brest (<-- Cette phrase est à lire très vite).
Le premier hiver que nous avons passé à Brest après notre retour a pourtant été marqué par les tempêtes à répétition mais je m'étais préparée à tellement pire que ça ne m'a pas semblé si terrible. J'avais gardé le souvenir du mauvais temps que nous avions durant la plupart de nos séjours alors forcément j'accueillais chaque jour de beau temps comme un vrai cadeau.
J'ai repris goût à ce vent qui ne se calme presque jamais et je ne râle pratiquement plus lorsque je suis décoiffée à peine franchi le pas de la porte.
J'ai appris à surveiller les nuages et je peux presque prévoir à quel moment va tomber la prochaine averse.
Les Demoiselles ne sont pas plus malades ici qu'en Espagne (oui on m'a posé la question) en revanche, elles ont un peu plus de mal à comprendre que même en été, il faut parfois mettre un gilet (les manches longues disparaissent des penderies pendant plusieurs mois en Espagne!).
J'avoue quand même que je ne dirais pas non à quelques degrés de plus mais c'est comme pour tout, on ne peut pas tout avoir!
En réalité ce n'est pas le climat qui m'a semblé le plus difficile à réapprivoiser...
Toutes ces années en Espagne avaient profondément modifié mon mode de fonctionnement.
Je m'étais habituée à cette légèreté qui caractérise le quotidien dans les régions proches de la Méditerranée, à cette vie plus ou moins insouciante et à cette impression d'être un peu en vacances toute l'année .
En Bretagne (ou en France tout simplement?), tout me semble bien plus sérieux et parfois même un peu rigide! Ce n'est évidemment pas une critique, ce n'est que mon ressenti lié au contraste qui existe entre ces deux régions. D'un autre côté, j'aime le fait qu'ici tout semble organisé, maîtrisé et parfaitement géré.
J'ai déjà eu l'occasion de parler de tout ce qui me manque de notre quotidien en Espagne mais il est très difficile de décrire réellement ce que je ressens. Avoir connu l'expérience de l'expatriation me fait vivre en permanence avec la sensation d'un manque.
Lorsque je vivais en Espagne, tout ce qui était lié à la Bretagne me manquait: la famille, les amis, les endroits que je fréquentais, les petits plats dont je raffolais, la presse que je lisais, les boutiques où je flânais...
À chaque séjour dans le Finistère, je faisais le plein de tout ce que j'aimais: pâtisseries bretonnes, cidre, décoration marine, etc.
Maintenant ce sont mes manies de là-bas qui me surprennent au hasard des journées, je repense facilement à tout ce qui rythmait mon quotidien sans que j'y prête trop d'attention. Le jour du marché, les oranges que l'on allait cueillir dans les arbres, la floraison des amandiers, les plages où le niveau de la mer ne changeait jamais!
Lorsque je rentre d'Espagne, la voiture est désormais remplie d'huile d'olive, d'amandes, de Rioja et d'Albariño, du miel de fleur d'oranger, etc.
Avoir vécu dans un autre pays que le mien m'a donné de nouvelles racines alors même si parfois la distance complique bien des choses, c'est une richesse incroyable que de vivre entre ces deux pays.
Mes Demoiselles ne me demandent plus de repartir vivre en Espagne. Elles me réclament d'aller voir leur chambre là-bas, leurs cousins et cousines, la piscine du village et puis leur papa évidemment. Pour ce qui est de changer d'école ou de quitter ce qu'elles ont adopté en Bretagne, la réponse est catégorique: NON.
Et vous qui me lisez, êtes-vous bretons ou simplement passionnés par la région?
Avez-vous connu l'expatriation et l'envie de retrouver vos racines?
Racontez-moi, ces expériences sont si enrichissantes que je suis curieuse de vous lire!