Promenade au bout du monde #6
Repartir au bout du monde dès le 1er janvier, je trouvais cela un peu insensé...
Alors j'ai attendu le 2 janvier et je suis partie à Lanildut.
Mais c'est où ça Lanildut?
Et bien c'est très facile! Depuis Paris, il faut aller tout droit jusqu'à Brest mais sans s'y arrêter.
Il faut continuer jusqu'au moment où la terre disparaît dans la mer. Et là, on y est!
Après il y a bien sûr Ouessant ou New York mais avant ça il y a Lanildut.
Un tout petit village, même pas 1.000 habitants mais célèbre (!) pour être le premier port goémonier d'Europe (déjà il faut savoir ce qu'est le goémon) et pour avoir fourni le socle en granit où repose l'obélisque de la place de la Concorde (à Paris).
Tout cela, à vrai dire, m'est pas mal égal. Moi je sais parfaitement ce qu'est le goémon car j'ai passé des heures à observer les bateaux à quai et les scoubidous qui les secouaient pour décharger les algues de la Mer d'Iroise.
Je connais bien ce granit qui nous flinguait les genoux au moindre faux pas et qui ruinait nos derrières à cause des restes du mazout de l'Amoco.
Je ne vais pas souvent à Lanildut car forcément, cette balade au bout du monde a le goût de la nostalgie et de l'enfance qui s'éloigne.
Pourtant, une fois que j'y suis, je me sens toujours rassurée car finalement rien n'a changé et je n'ai rien oublié.
Ce jour là j'avais laissé ma voiture à proximité de ce rocher que l'on appelle le Sphynx. Je trouvais ça presque ironique de partir au bout du monde et de me retrouver face à la version naturelle d'un monument si prestigieux (avec un Cormoran sur la tête)!
J'ai suivi le sentier tout en écoutant le vacarme des vagues qui n'en finissaient pas de faire rouler les pierres. Par endroit, les marques de l'érosion m'ont fait regarder la mer d'un œil assez sombre...
J'ai fini par arriver au rocher du Crapaud, celui qui marque l'entrée de l'Aber-Ildut. Il n'y avait pour ainsi dire personne ce jour là et j'aurais pu avancer sur la digue les yeux fermés. Je connais par cœur ces creux où les vagues forment toujours de petites flaques d'eau salée.
Une fois sur le sable, j'ai pris le temps de faire un inventaire et je crois pouvoir dire qu'aucun caillou n'a manqué à l'appel.
En partant, le soleil avait presque disparu alors je regardais une dernière fois vers Ouessant dont les contours se dessinaient dans la brume. Il fera beau demain...
Psss. J'avais déjà parlé de cet endroit dans d'autres articles (celui concernant ma première fois avec les Demoiselles là-bas et celui concernant les sentiers qui longent l'Aber) mais je suis persuadée que j'arriverai encore à trouver des anecdotes à raconter...