Quand le pont de Recouvrance se lève
Des villes traversées par des rivières et enjambées par des ponts, c'est un décor urbain relativement commun.
Une ville traversée par des ponts mais l'un d'entre eux ayant la capacité de monter et descendre afin de laisser passer les navires, je ne peux citer que Brest (car je n'ai jamais visité ni Rouen, ni Bordeaux).
Ce pont, c'est celui de Recouvrance. Il permet de relier le centre-ville de Brest (le bas de la rue de Siam plus exactement) au quartier de Recouvrance situé sur l'autre rive de la Penfeld.
Il fut construit entre 1950 et 1954, suite au bombardement du Pont National par les Alliés lors de la Libération de la ville en 1944. Ma grand-mère me parle souvent de ces journées entières qu'elle a passées sur le Boulevard Jean Moulin à observer l'avancée des travaux ainsi que les premiers essais pour la levée du pont.
Elle me parle aussi beaucoup de ce pont qui n'existe plus que dans la mémoire des anciens brestois. Le "pont Gueydon", ce pont flottant (un peu "casse-gueule" comme elle dit si bien) qui servit de transition pendant les années de la reconstruction.
Le pont de Recouvrance, ce sont quatre pylônes de béton armé s'élevant à 64m au-dessus des quais et un tablier mobile de 88m de long. Ce sont des chiffres qui donnent un peu le vertige mais pour moi c'est surtout l'endroit où l'on a la plus belle vue sur la Penfeld.
D'un côté, le Château et le Musée de la Marine, les navires de l'école Navale et la Tour Tanguy.
De l'autre côté, le plateau des Capucins, le pont de l'Harteloire puis l'Arsenal et la Consulaire.
Je ne compte plus le nombre de fois où je traverse ce pont uniquement pour le plaisir de m'attarder sur ce décor mais surtout, je ne rate pas la moindre occasion de le voir se lever quand un navire s'en approche...
Dès 1689, Vauban avait songé à relier les deux rives. L'obstacle, qui semblait incontournable, tenait aux mâts des navires, qui empêchaient l'édification d'un pont classique.
La première fois que je suis allée voir le pont se lever, peu de temps après mon retour à Brest, je suis restée longtemps dans la grisaille humide de ce jour de septembre où la frégate De Grasse a quitté la Penfeld. Quelques jours avant, on lui avait retiré ses couleurs et elle partait pour son dernier voyage, la phase de désarmement avant le cimetière marin.
Puis j'ai eu l'occasion d'assister au départ de la Frégate Latouche -Tréville l'année dernière et enfin, le mois dernier j'ai pu convier mes Demoiselles au spectacle de ce pont qui se lève. C'était les vacances scolaires et le remorqueur RHM Malabar entrait pour quelques semaines d'entretien et de réparations avant son départ prochain pour le Grand Nord.
Nous sommes arrivées à l'heure prévue et elles ont été très patientes en attendant de voir le premier mouvement du pont. Il faut dire que les 625 tonnes de la travée mobile se déplacent avec une certaine lenteur!
Ce jour là nous avons saisi quelques images que j'ai assemblé dans une vidéo afin d'en garder le souvenir...