Nuances de Bleu sur Le Fret

C'est peut-être le plus petit port où j'ai eu l'occasion de me promener. Le Fret, ce sont quelques bateaux, une petite cale, un café au bord de l'eau et une crêperie pour compléter le décor.

Le Fret est de ces lieux où l'on ne va rien chercher mais d'où l'on repart avec la sensation d'avoir emporté quelque chose, sans trop savoir bien quoi.

Ce jour-là je suis allée découvrir ce que j'avais uniquement aperçu lors de mon dernier passage dans ce village et les bienfaits de cette balade sont inversement proportionnels à la taille de l'endroit.

C'était une belle journée d'Août qui commençait. Le soleil du matin se reflétait sur une mer calme et nous étions pratiquement seuls devant l'Anse du Fret. La marée était haute et c'est sans hésiter que je me suis déchaussée pour mettre les pieds dans l'eau sur les pavés de la cale (suivie évidemment par mes Demoiselles, jamais en retard lorsqu'il s'agit d'abandonner leurs sandales).

À chaque fois que je relevais la tête pour voir les éventuels mouvements sur le port, le ciel semblait avoir encore changé de couleur. Bleu marine, bleu cobalt, bleu outremer, bleu roi, bleu ciel, bleu azur... Il n'y aurait pas assez de noms pour tous les citer. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés sur ces pavés chauffés par le soleil, je me souviens uniquement de cette sérénité qui nous a accompagnés durant le reste de la journée, de la douceur dont ces nuances de bleu nous avaient enveloppés.

Même si j'adorerais passer mon temps sur les routes à découvrir le monde et ses merveilles, je m'aperçois que bien souvent le dépaysement est à portée de main. Ce petit port se trouve juste en face de Brest, je l'observe bien souvent depuis le balcon de chez ma grand-mère. Quand on dit que Brest est un balcon sur la rade, celui de chez ma grand-mère est sans aucun doute le mieux placé...

Ce petit port est accessible par la route lorsque l'on vient de Crozon ou Lanvéoc mais aussi depuis le Port de Commerce de Brest où des liaisons maritimes quotidiennes relient la grande ville à la Presqu'île en trente minutes. Je me promets de faire la traversée au moins une fois, tout comme le faisaient ces messieurs-dames de Brest à la fin du XIXème siècle sur des bateaux à vapeur.