Un an à mi-temps - Premier bilan
Au mois de Novembre dernier, c'est avec les jambes un peu tremblantes que je suis entrée dans le bureau de mon directeur pour lui demander une réduction de mon temps de travail. J'y pensais déjà depuis quelques semaines car avec la reprise de l'école, j'avais de plus en plus de mal à gérer la fin de nos journées.
"Pourquoi est-ce que tu me fais ça? Tu vas te faire licencier!"
Qui ne tente rien n'a rien, j'ai donc décidé de croire que je pouvais prétendre à ce "privilège" et j'ai insisté pour que ce brave garçon en touche un mot au responsable des ressources
humaines.
Il a fallu que j'attende plusieurs semaines avant d'avoir la réponse de mon responsable. Quand il m'a dit que c'était OK pour une année, j'ai manqué de l'embrasser. Sauf que dans
son élan, il m'a vite précisé que l'augmentation de salaire qui me correspondait allait devoir attendre... Bref.
[Un mois que je vois le ciel se coucher depuis chez moi]
Voilà donc un mois que je ne travaille plus que de 8h30 à 13h30. Un mois que je vois Petite I. dès le réveil de sa sieste. Un mois que je suis à la sortie de l'école pour récupérer Miss N. Un
mois que j'ai le temps de leur donner le bain sans leur demander de se dépêcher pour aller préparer le dîner. Un mois que nous mangeons bien plus équilibré. Un mois que je déjeune à la maison
tous les midis. Un mois que j'écoute et savoure les anecdotes et les mots tordus qui n'avaient pas vraiment d'importance lorsque je n'avais pas le temps.
Pas le temps. Pas le temps...
Pourtant, il m'a aussi fallu un mois pour retrouver un certain équilibre. Les premiers jours, j'étais complètement déstabilisée par ce changement de rythme. Je tournais en rond
dans la maison pendant la sieste de Petite I. car je ne savais pas comment occuper ces heures dont je pouvais disposer. Je ne savais pas non plus comment les occuper et je remerciais les Rois
Mages d'avoir été si généreux en DVD. Il m'a fallu un mois pour me réhabituer à tant d'heures de disputes, de cris, de pleurs, de colères... J'avais l'impression que je n'étais plus
capable de rester aussi longtemps en leur compagnie. Je n'étais même plus sûre d'en avoir réellement envie. Je me suis même demandée si je ne m'étais pas complètement trompée.
Et puis, je vois Miss N. et son sourire jusqu'aux oreilles lorsqu'elle me voit devant la porte de sa classe. Sa petite main qui vient toujours très vite se glisser dans la mienne. Le récit de ses
journées et mon attention jamais détournée. Je vois Petite I. qui serre très fort ses bras autour de mon cou lorsqu'elle se réveille de sa sieste. Ces moments où toutes les deux s'installent à
mes côtés sur le canapé, avec pour seul besoin celui de sentir ma main descendre le long de leur dos. Toutes ces histoires que nous prenons le temps de raconter, sans se presser.
Maintenant, nous avons le temps et même si ce n'est que pour une année, j'ai l'intention d'en profiter jusqu'à plus soif.
Profiter de ce temps pour elles, pour nous, pour moi.