Du désir ou de la raison...
Si ma mémoire est bonne, il y a de ça une dizaine d'années j'affirmais que le Mariage et la vie de famille n'avaient pas de place dans ma vie. Délivrée difficilement d'une relation qui ressemblait à un emprisonnement, mon angoisse de l'engagement et mon désir de Liberté m'empêchait alors d'envisager une histoire à long terme avec celui qui est aujourd'hui Mr Ordinaire.
Puis, les barrières que j'avais si bien construit se sont peu à peu effacées, éloignées… De nouveaux désirs ont germé et ces scénarios que l'on voit habituellement dans les films sont venus s'inviter dans nos vies.
Une nuit, nous avons décidé de laisser la porte ouverte à ce désir partagé (inconscients du danger) et la vie, encore elle, est venue s'installer sous mon nombril. Après des semaines et des mois magiques (et d'autres moins aussi...), le grand bouleversement lié à la naissance de notre premier enfant est venu faire un strike dans notre équilibre à deux.
Nous pensions alors ne jamais réussir à reconstruire un semblant de vie de couple. Nous étions devenus si différents et si distants que bien souvent, la peur de voir notre histoire s'effriter davantage nous empêchait même d'aborder le délicat sujet...
Nous avons laissé le temps poursuivre sa course folle et peu après la deuxième bougie de notre Princesse, une jolie Fleur d'Automne est venue agrandir notre famille. C'est comme si ce bébé était arrivé pour remettre les choses à leur place, le poids manquant dans la balance déréglée...
Je pourrais dire que je m'étais préparée à l'idée que cette attente soit la dernière mais en réalité, je n'ai jamais réussi à m'en persuader…
Je pensais que les nuits sans sommeil, les pleurs et les colères, les angoisses et les vilains microbes, que tout cela pourrait étouffer le désir de faire grandir une nouvelle vie. En vain...
Le sujet s'est invité au cœur d'une récente conversation avec Mr Ordinaire.
Il me parle finances… Je pense partage et complicité.
Il me parle fatigue... Je pense douceur et émotion.
Il me dit : "Et nous?"
"Pas maintenant. Peut-être plus tard..."
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Alors je fais taire mon désir, je demande à mon coeur d'écouter et d'entendre ses raisons à lui, j'essaye de me convaincre qu'elles devraient valoir pour moi également... Mais je m'interroge et je me demande à quel moment ce désir disparaîtra de mes entrailles? Combien de temps me faudra-t-il pour tourner sereinement la page sur cette étape merveilleuse de mon existence? Une fois que l'on a porté la vie, que l'on a vécu et ressenti la puissance de cette tornade hormonale et émotionnelle, comment peut-on ne plus vouloir y goûter à nouveau?
Je continue de bercer mes illusions, je me dis que l'attente de voir un jour ce désir devenir réalité est tout aussi intense que celle dont on connaît l'issue. Je ne peux pour l'instant pas me résoudre à l'idée que plus jamais je ne porterai d'autre enfant, que plus jamais je ne ressentirai la plénitude de l'attente. Je préfère laisser la porte ouverte à l'éventualité, à la possibilité que ce "peut-être" qu'il a murmuré se transforme en un "Oui" pour la dernière fois...