"Pas do'mir!"
L'apprentissage du sommeil chez les bébés et les jeunes enfants ressemble étrangement à un parcours d'obstacles que le fier parent doit traverser tout en ayant les yeux bandés. Un parcours qui mettrait sa patience à rude épreuve, le ferait tâtonner afin d'anticiper les coups, l'obligerait à repousser toujours davantage ses limites.
On avance doucement mais parfois on ne voit pas la marche arriver alors on trébuche. On ne voit pas non plus la branche en travers du passage alors on se la prend en pleine face.
Pendant que l'on avance péniblement, on entend parfaitement les voix de ces personnes ayant déjà raté quelques marches terminé le parcours et qui tentent vainement de nous guider afin d'anticiper les obstacles. Des conseils dont on se passerait parfois, des conseils qui nous rendent service aussi...
Avant de se lancer sur ce chemin, on s'était évidemment informés, renseignés, documentés sur le sujet (l'offre étant on ne peut plus complète...). La question du sommeil étant l'une des principales préoccupations des nouveaux parents...
Alors même si en théorie "on sait", tant que l'on ne se trouve pas en train d'agoniser à cause d'une marche un peu plus haute que les autres, en vérité on ne sait rien.
Il y a des épreuves telles que les multiples réveils nocturnes des premiers mois, les poussées dentaires, les pics de croissance, les montées de fièvre, les premiers virus, les angoisses de séparation... Un programme des plus réjouissants!
Chez nous en ce moment nous goûtons (à nouveau) aux joies du "Pas do'mir!". Alors que l'aînée, vanée par sa journée d'école, associe l'extinction des feux au démarrage de la ronflette, Petite I. nous sort le grand jeu:
- "Moi veux pas do'mir!"
- "J'ai soif!"
- "Je veux jouer!"
- "Pipi!"
- "Hay un TORO! (Y'a un taureau!)" (non, non, pas de loup chez nous...)
Et pour finir il y a le fameux: "Je veux do'mir dans ton lit!".
Pendant que toutes ces phrases bien sympatiques s'enchaînent, je vois l'heure du réveil indiquer que MA soirée devrait normalement avoir commencé... Ma soirée se résumant à un court épisode d'une série en replay, un ou deux carreaux de chocolat, quelques pages d'un livre commencé... Quand ça déjà? Avant de m'effronder lamentablement sur l'oreiller.
Voilà donc plusieurs soirs que MA soirée est sévèrement écourtée pour cause de COUIC-COUIC. Parfaitement. L'idée des pastilles antidérapantes sur les pyjamas, je me demande encore si c'est une idée de génie ou un truc à bannir...
Une demoiselle qui se lève une fois, deux fois, dix fois... Qu'il faut recoucher, écouter patiemment et rassurer sur cette séparation de la nuit... Le rituel s'éternise, les minutes défilent, la patience s'effrite...
J'en arrive à faire semblant de dormir pour que la demoiselle comprenne qu'il faut qu'elle aille rejoindre son tas de chiffons... en vain!! C'est qu'elle vient allumer la lumière pour me demander si "Maman dodo?".
Bien qu'Isabelle Filliozat et son livre "J'ai tout essayé" fasse partie du décor habituel de ma table de chevet et que je connaisse presque de mémoire le chapitre
consacré au Deuz'an, il y a des soirs où ma patience est bien maigre face à cet engin de moins d'1m qui a décidé que NON NON NON, elle ne veut pas do'mir!
Ok, "les cycles naturels du sommeil se décalent, un endormissement physiologique vers 22 heures, voire 23 heures n'est pas rare".
Mais mon rythme à moi il a bien du mal à s'habituer à tous ces changements!
On sait que ces moments sont difficiles mais on ignore quelles seront nos réactions, quel sera notre degré de patience, quelles seront nos capacités à supporter le manque de sommeil.
Et puis finalement on sait que tout ça finira par passer alors on essaye de se rassurer persuader soi-même en pensant que l'on finira par oublier... On se contente de distribuer des mots qui apaisent, des câlins qui rassurent et on les regarde tendrement une fois que leurs paupières finissent par se fermer.
Enfin, on ne peut pas non plus crier victoire pour la nuit paisible une fois la demoiselle endormie... C'est que maintenant aussi, Miss N. commence à nous faire des cauchemars alors les réveils en hurlant au milieu de la nuit, ce n'est guère mieux!
Courage, au petit matin il faudra en plus aller les chercher et supporter les grognements de ces oursons mal réveillés!