Le vertige
C'est un peu comme avoir le vertige en permanence. Comme si le manque ressenti pendant toutes ces années ne pouvait se compenser que par cette ivresse dans laquelle je me complais actuellement. Il me faut cet enivrement quotidien face aux paysages, ces heures incalculables passées à les voir changer au gré du vent et des marées.
Je connais par cœur des noms de rues, de lieux-dits, de monuments. Je m'abreuve de faits historiques et d'anecdotes d'un temps révolu. Je me passionne pour la faune et la flore, pour les cartes marines et la géographie. Je dévore les ouvrages de ces poètes et de ces écrivains qui parlent si bien de la Bretagne. En quelques mois, j'ai appris plus sur ma région d'origine qu'en pratiquement ces vingt années où j'y ai grandi.
J'ai le vertige car je ne sais pas combien de temps tout cela va durer. Parfois je voudrais juste fermer les yeux et attendre que tout arrête de tourner autour de moi. Dans ces moments là, je me rappelle que la vie continuera alors sans moi et rien que l'idée m'est intolérable. Je repars alors fixer l'horizon, saisir ces images, ces couleurs, ces pierres et ces landes, ces forêts et ces rivières. J'ai le vertige mais
me transforme, m'apaise et me bouleverse à la fois...J'avais passé un très bon moment avec les demoiselles en allant marchant sur le sentier qui longe le bord de mer. C'était peu avant la marée haute et les forts coefficients nous donnaient presque l'impression de marcher sur l'eau.
J'ai eu envie de refaire cette balade mais sans elles et cette fois-ci à marée basse.
C'est tellement passionnant ce paysage qui change d'aspect en seulement une poignée d'heures.
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Photos prises à l'anse de Camfrout sur la commune du Relecq-Kerhuon (Finistère).
Depuis cet endroit, nous avons une vue idéale sur le pont de l'Iroise, sur le viaduc ferroviaire et sur le port du passage dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ICI ou encore ICI. C'est à cet endroit que se faisait la traversée vers Plougastel sur un bac à vapeur, avant la construction du pont Albert Louppe. Ces différents endroits ont été immortalisés à de nombreuses reprises par le peintre Eugène Boudin.
Celui qui regarde vers le haut ne peut jamais avoir le vertige.