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Madame Ordinaire

Quand une mère disparaît

5 Décembre 2013, 23:30pm

Publié par Madame Ordinaire

Quand une mère disparaît

Il m'a fallu plusieurs semaines avant de m'asseoir auprès de mes demoiselles et de trouver les mots pour leur expliquer ce qui était arrivé à leur grand-mère.
À chaque fois que je voulais m'accorder le temps nécessaire, je la revoyais tenir leurs deux petites mains pour les accompagner à notre voiture, la veille de sa mort.
Mon cœur se serrait et il m'était impossible alors de me concentrer...

Pourtant c'était bien de ces émotions qu'il fallait que je leur parle, de cette tristesse immense que l'on ressent lorsqu'une personne qui nous est chère disparaît.
Je n'ai jamais cherché à leur cacher mon chagrin mais je n'ai malheureusement pas eu le courage de leur en parler alors que je devais moi-même gérer mon propre deuil.

Je m'attendais à une incompréhension de leur part face à des mots qu'elles ne connaissaient pas encore.
Je me suis retrouvée à consoler une petite fille en larmes qui ne comprenait que trop bien ce que j'avais tant de mal à lui confier. Alors je leur ai montré des photos où leur grand-mère était à leurs côtés et j'ai essayé de leur expliquer que cela resterait pour toujours dans leurs souvenirs. Même si elles vont grandir sans connaître cette relation unique que l'on tisse avec nos grand-parents, je ferai de mon mieux pour leur transmettre tout ce que j'ai moi-même appris de ma mère.

Parvenir à leur en parler, cela voulait surtout dire que j'avais réussi à surmonter le choc qui a suivi l'annonce de la nouvelle car jusqu'alors, je refusais d'admettre la vérité. Le fait d'avoir été habituée, pendant tant d'années, à voir ma mère de façon ponctuelle, je gardais inconsciemment cet espoir naïf de la revoir tôt ou tard.

Sa disparition m'a fait prendre conscience, de manière brutale évidemment, de cette urgence à VIVRE intensément et pleinement ce temps qui nous est accordé. Tout semble avoir tellement moins d'importance une fois qu'il est trop tard... Cette épreuve me rend plus forte mais à la fois bien plus consciente de la fragilité de notre existence.
Perdre sa Maman, c'est perdre sa mémoire et perdre ce rempart qui nous confronte à notre propre mortalité.

La première question que m'a posée Miss N. après notre conversation a été:
"Et toi aussi tu vas mourir?"
Je lui ai répondu que oui, qu'un jour ce serait inévitablement mon tour mais que pour le moment elle pouvait compter sur ma présence à ses côtés, tout en souhaitant que ce soit le plus longtemps possible...

J'aimerais que cet article soit le dernier où j'aborde ce sujet car malgré toute la douleur qui entoure nos journées, il me faut maintenant réapprendre à vivre en dépit de son absence. Je ne peux que lui rendre hommage en gardant dans ma mémoire les moments de bonheur que j'ai vécus grâce à elle.

Quand une mère disparaît
Quand une mère disparaît

Je pensais que ta mort était un gâchis, un désastre, un deuil presque impossible à endurer.
Je commence seulement à comprendre que ta vie fut un cadeau, une bénédiction, une somme d'amour qui m'accompagneront toujours.

Marjorie Pizer

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A
Quel joli article rempli d'émotions.<br /> Je te comprends a 200%. J'ai perdu ma maman j'avais 12 ans et mes loulous ne la connaisse pas en vrai mais la connaisse par des photos, des souvenirs. Nous, on doit avancer sans Elle mais il faut en parler à nos loulous pour qu'on ne les oublie pas. Une odeur, un endroit, une facon de faire nous ferons penser à Elle!<br /> Je pense bien fort à toi, grosses bises
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M
Merci de me faire partager ton vécu. Lorsque la douleur est si vive, on oublie parfois que l'on n'est pas seul à vivre ces épreuves...
C
Les mots sont si faibles face à la douleur , il faut déjà supporter les trois étapes du deuil : refuser la nouvelle, la colère parce qu'on a mal puis lentement accepter....La souffrance s'ajoute à ce départ. Je t'envoie d'affectueuses pensées et plein de courage ...
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M
J'ai lu quelques bouquins à ce sujet et c'est vrai que certaines étapes sont inévitables. Merci pour tes pensées...
I
T u as eu raison d'attendre le bon moment, mais on craint tj que les petits ne comprennent pas, ce qui est faut, ils comprennent d'une autre manière que nous mais nous devons leur dire la vérité.<br /> Encore bon courage, et heureusement que nous avons les souvenirs pour continuer à vivre sans nos êtres chers. Biz
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M
Merci pour tes mots, j'ai souvent regretté de ne pas avoir pris le temps de leur en parler plus tôt mais je me rassure en me disant que j'ai fait de mon mieux. <br /> Les souvenirs sont tellement précieux dans ces moments là...
M
Bouleversant... &lt;3
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M
Ce sont des sentiments universels mais les vivre pour la première fois est une épreuve des plus douloureuses.
M
Courage ...
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M
Merci.
A
Vivre, aller de l’avant malgré l’absence. Tu as tout résumé.<br /> Bon courage dans tout ce cheminement.
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M
Merci pour cet encouragement, le temps est tout dans cheminement...
M
Très beau billet, très émouvant. Pas facile de rebondir j'imagine, mais on sent dans tes mots ta détermination à aller de l'avant. Et puis tes puces sont là pour t'aider aussi ;) <br /> Bises
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M
À vrai dire, je pense que l'on n'a pas vraiment le choix... Il n'est pas plus facile de se forcer à continuer que de se laisser sombrer. Il est vrai que d'avoir mes enfants auprès de moi est un moteur qui me pousse à avancer mais cela ne me laisse pas beaucoup de temps pour penser à moi et à ce travail délicat que l'on appelle le deuil...
D
Un article si émouvant et cette citation si évidente après ... Amicales pensées
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M
Merci pour les pensées, chaque jour qui passe permet d'accepter davantage la réalité de la situation, aussi douloureuse puisse-t-elle être.
B
Très touchant. Je pense fort à toi!<br /> PS. Beau choix de photos, elles expriment tout ce qui est dans le texte...
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M
Merci Kasia, je n'avais pas pris le temps de répondre aux commentaires de cet article mais chacun d'entre eux m'ont apporté leur dose de réconfort.