Trente-deux
Le mois de Novembre est arrivé bien plus vite que je ne l'avais imaginé. Je ne l'attendais même pas tant j'étais anesthésiée par la torpeur de l'après coup. Je voyais les jours passer et les derniers moments que j'ai passés avec ma mère s'éloigner...
Aujourd'hui c'est bien à elle que j'ai le plus pensé car c'est la première fois en trente-deux ans qu'elle ne me souhaitera pas un "joyeux anniversaire" à 19h35. Elle me disait toujours "Avant cette heure là, tu n'étais pas née"...
Il y a de ces rituels auxquels on n'accorde plus guère d'importance au fil du temps, ce n'est qu'une fois qu'ils disparaissent que l'on réalise combien ils faisaient parti de notre équilibre, de nos liens, de cette union invisible qui existe entre une mère et sa fille.
Les moments où son absence se fait plus évidente sont très nombreux en ce moment mais cette date est de loin la plus difficile pour moi. Ce soir, il n'y aura ni célébration ni bougies à souffler ni téléphone à sonner. Il y aura la routine de fin de journée avec mes filles, un dîner à préparer, des pyjamas à enfiler et des histoires à raconter. Il y aura certainement l'envie de voir cette journée rapidement se terminer. Oublier que, pour la première fois depuis des années, j'ai la chance d'être en Bretagne pour mon anniversaire mais qu'aujourd'hui cela ne comble en rien le manque de sa voix pour me le souhaiter.