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Madame Ordinaire

Sortir, ne pas réfléchir

30 Septembre 2013, 05:45am

Publié par Madame Ordinaire

Sortir, ne pas réfléchir

Après un choc tel que celui vécu par ma famille dernièrement, je me demande à partir de quel moment on peut faire semblant de reprendre une vie "normale".
Plus rien ne peut être normal alors dans quelle mesure pouvons-nous feindre de ne plus être affecté par le deuil?

Lorsque je sors et que je parviens à profiter de moments agréables, je porte en moi un sentiment de culpabilité bien difficile à identifier...
Ai-je le droit de profiter ainsi alors que plus rien ne sera jamais comme avant? 

Un passage chez le coiffeur, une poignée de centimètres en moins et l'illusion d'avoir laissé quelques grammes de chagrin dans le bac à shampoing. Un repas à la terrasse d'un restaurant, savourer les derniers rayons de la saison et penser inévitablement que le temps nous échappe. Une promenade en ville, au bord de l'eau ou au marché du coin. Marcher dans ces endroits où elle m'a si souvent accompagnée et faire en sorte d'écarter ce voile de nostalgie qui entoure mes journées...

Est-ce que si l'on me voit rire à nouveau on va penser que j'ai déjà tourné la page?
Est-il est acceptable de ne pas montrer combien la peine monopolise mon attention, combien son absence m'empêche de respirer normalement?

Tout semble s'être arrêté le jour où. Les pages de mon agenda sont vierges, l'appareil photo n'a pas immortalisé le moindre instant de mon quotidien, les papiers s'accumulent et la liste des obligations ne cesse de s'allonger.
Mais que restera-t-il de ces journées de transition, de ces semaines où l'on se contente d'encaisser le coup avant de retrouver un semblant d'équilibre?

Sortir, ne pas réfléchir
Sortir, ne pas réfléchir

Malgré une peine immense et l'envie de parfois tout envoyer valser, la rage de vivre et de se battre pour avancer est bien plus forte que toutes ces vagues de souvenirs qui me transportent bien loin dans le temps... 

Sortir pour contempler tout ce qui ne change pas, voir la vie indifférente à nos larmes et se dire que ça va aller, que l'on va y arriver. Sortir pour ne pas réfléchir aux conflits restés en suspens, sortir pour échapper aux mots maladroits et aux attitudes déplacées.
Sortir pour éviter de réfléchir.

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L
Je découvre ton blog en cherchant une image du livre &quot;L'Art des Listes&quot; que je viens de terminer. Livre que j'ai également beaucoup apprécié (à la base, moi aussi, j'aime faire des listes...)<br /> Le ton de ton article m'a plu, je suis remontée à la source de ton blog...<br /> Et là, j'apprends, que comme moi depuis quelques jours, tu es en deuil et tu te poses les mêmes questions : comment faire maintenant ?<br /> Tout d'abord, même si je ne te connais pas encore très bien, je te présente mes sincères condoléances et mon soutien dans cette épreuve.<br /> Mon sentiment, ou plutôt ce que j'ai appris &quot;grâce&quot; à cette épreuve, est qu'il faut profiter au maximum des petits instants de bonheur (la personne que j'ai perdu avait cet esprit malgré une longue maladie et une condamnation par le corps médical)<br /> Je pense que je vais souvent revenir faire un tour sur ton blog.<br /> Courage !
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M
Merci Laurence pour ta visite et pour tes mots... Tu as raison lorsque tu parles de ce que l'on apprend en vivant un deuil. J'étais déjà consciente de la valeur de chaque instant partagé, cela se confirme à la suite de cette épreuve. À bientôt :-)
N
En matière de sentiments, de souffrance, il n'y a pas de délai convenable à respecter, il n'y a pas de règle.<br /> Certains restent enfermés pendant des semaines pour ensuite mieux rebondir. D'autres font comme si de rien n'était pour s'écrouler quelques semaines après. L'important c'est dont tu penses avoir besoin.<br /> En te balladant, personne ne te blâmera, ce qui vient de t'arriver n'est pas écrit sur ton front.<br /> <br /> Quant aux conflits passés, laisse-les derrière toi. <br /> <br /> Il va te falloir apprendre à vivre &quot;autrement&quot;. <br /> <br /> Bon courage pour surmonter ton chagrin, l'absence d'une mère, et pour l'expliquer à tes filles.
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M
Merci pour ton commentaire... Il va me falloir du courage pour en parler avec mes filles car je n'ai pas encore réussi à le faire...
C
Chacun vit son chagrin à sa façon, à son rythme, et si un rire peut parfois adoucir un peu la peine que tu ressens, c'est simplement la vie qui reprend peu à peu ses droits, tout doucement...<br /> Je te souhaite tellement de force et de courage pour apprendre la vie sans Elle.
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M
Merci pour ton soutien... Comme tu le dis, la vie reprendra tout doucement ses droits, même si certains jours seront plus difficiles que d'autres...
F
De là-haut je suis sûre qu'elle est heureuse de ses bons moments! Parfois je regarde le ciel en me disant qu'elle me regarde alors je souris au soleil et aux nuages... Profites bien! ces moments sont si précieux! Bises
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M
J'ignorais jusqu'à présent ce que l'on pouvait ressentir dans ces moments si douloureux mais je crois comme toi que les êtres qui nous sont chers ne peuvent pas totalement disparaître... Croire encore en leur présence nous aide à accepter leur absence, en tous cas c'est ce à quoi je me raccroche...
M
Je crois qu'il faut que tu prennes le temps de faire ce deuil...<br /> Ré-apprendre à vivre, à se faire du plaisir, à prendre soin de soi.<br /> Je crois que ceux qui s'en vont voudraient que nous continuons à vivre &amp; qu'on en gache pas ce cadeau de la vie.<br /> Plein de courage
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M
C'est bien le temps qui panse toutes les blessures et c'est pour cette raison que j'essaye de me laisser aller à exprimer ce que je ressens. Ce sont des moments difficiles et tu as tout à fait raison en disant qu'il faut réapprendre à vivre car rien n'est plus pareil. Merci pour ton soutien virtuel...
A
Quel privilège d’arriver à coucher ces émotions sur le papier ! Le dire, c’est déjà un peu l’admettre. Oui tu souffres (qui ne souffrirait pas dans pareil cas) mais oui, la vie autour de toi continue, les inconnus ne s’arrêtent pas sur ton chagrin. Et c’est peut-être ça qui t’aidera à aller un peu de l’avant.<br /> Je ne doute pas que tu as « fait le plein » quand elle était encore là et ces souvenirs vont continuer à te nourrir. Tu n’oublieras pas son visage. Même si, à un moment donné, tu visualises moins bien, ton cœur saura et n’oubliera pas…<br /> Notre soutien n’est que virtuel mais nous sommes à tes côtés
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M
Le soutien même virtuel est un réconfort non négligeable et je te remercie sincèrement pour tes mots.
A
Tu as raison. Profite des beaux moments quand il y en a, reprends ton souffle et, surtout, entretiens cette rage de vivre que je connais bien. Je suis passée par les mêmes moments que toi, les mêmes interrogations. J'ai eu des envies moi aussi de baisser les bras, surtout quand, dans la foulée, j'ai dû dire adieu à ma grand-mère, à mon grand-oncle et à ma nourrice. J'aurais pu me rouler en boule dans un coin et me laisser mourir - l'idée m'a effleurée quelques fois - Mais ça n'aurait pas été juste pour les enfants, ni pour mon homme et, en définitive, pour moi. Je ne crois pas que malgré les conflits restés en suspens, comme tu dis, nos mères auraient voulu qu'on le suive de l'autre côté. Elles seraient les premières à nous dire de relever la tête et d'avancer. <br /> <br /> Gros bisous ma belle
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M
Tes mots me touchent inévitablement... Je n'ai pas eu la chance de lui dire au revoir comme je l'aurais souhaité mais je suis persuadée qu'elle savait combien j'avais d'admiration pour elle.