Presque dix ans...
Nous le savons depuis quelques mois déjà mais ce n'est une réalité que depuis hier seulement.
Notre situation est le résultat d'une très longue réflexion, de nombreuses concessions et de ma volonté de trouver un nouvel équilibre à ce qui m'obsède depuis trop longtemps...
Hier Mr Ordinaire a pris seul l'avion du retour vers l'Espagne, je suis restée derrière les portes du contrôle avant l'embarquement avec nos demoiselles et avec la gorge un peu nouée par le doute, la peur de ne pas être à la hauteur et l'angoisse de m'être peut-être trompée... Pourtant, c'est le coeur léger que j'ai quitté l'aéroport car cette fois je n'avais pas à quitter le Finistère, je n'avais pas à regarder le paysage s'éloigner sans savoir combien de temps j'allais devoir attendre avant de revenir.
Je suis consciente que les prochaines semaines vont être une véritable épreuve mais je crois que je suis sereine. Je respire calmement, je ne regarde plus ce qui m'entoure avec cette obsession de vouloir m'en imprégner pour les jours où je serais loin... Non, pas cette fois. Je sais que je peux y revenir facilement si le manque se fait ressentir alors je savoure et j'apprécie autant que possible.
Avant que nos demoiselles fassent de nous une famille, la crainte qui freinait mes envies de maternité était ce désir au fond de moi de revenir un jour en France... Je l'avais enterrée ce 8 Septembre 2003 où j'ai déposé mes valises chez celui qui est ensuite devenu mon mari. J'ai lutté pour ne pas y penser, j'ai cherché à combler ce manque par tous les moyens mais cela n'a pas été suffisant.
Alors j'ai quitté le confort que j'ai mis près de dix ans à construire, quitté le poste que j'occupais et laissé derrière moi ces amitiés qui m'ont tant apporté.
Le 8 Septembre 2013, je ne serai donc pas dans cette maison que nous avons mis tant de temps à rénover. J'ai laissé des vêtements sur les étagères, des bouteilles de parfum dans la salle de bain et des ingrédients dans les placards de la cuisine dont personne ne va se servir.
Je n'ai pas forcément les mots pour exprimer toutes les raisons qui m'ont amenée à cette décision mais pour la continuité de ce blog, il me fallait expliquer pourquoi le décor ne sera pour l'instant plus l'Espagne mais désormais la Bretagne...
Dans vingt ans, vous serez plus déçu par ces choses que vous n'avez pas faites que par celles que vous avez faites. Alors larguez les amarres. Mettez les voiles et sortez du port ô combien sécurisant.
Explorez. Rêvez. Découvrez.