Un voyage en solitaire
[Samedi 6 Octobre 2012]
03h50 - "¡¡Mamá!!". Petite I. m'appelle et me vole dix minutes de ma nuit déjà bien courte.
Un bisou, un doudou retrouvé et la porte refermée, je descends avaler un rapide déjeuner avant de m'habiller et de vérifier une dernière fois le poids de ma valise.
04h30 - Le taxi qui va me conduire à l'aéroport de Valencia s'arrête devant chez nous. Le voyage commence pour moi, j'ai déjà la tête dans les nuages...
09h00. Me voilà à l'aéroport de Paris Orly. Je me situe rapidement et je me dirige vers l'arrêt de l'Orlybus afin de rejoindre la capitale et surtout la Gare de l'Est où je dois reprendre le train en direction de Troyes. Tout le long du trajet, je garde le nez collé contre la vitre afin de mémoriser chaque détail de ce bref passage par Paris. Je vois des façades et des noms de rues. Avenue Reille. Rue des artistes. Boulevard Saint Michel. Une fontaine magnifique dont j'ignorais l'existence et que je contemple le temps d'un arrêt de l'autobus.
Je ne fais que passer et je me régale de ces instants en transit, ces moments où j'ai uniquement le temps de l'attente, entre deux horaires. J'observe, j'écoute et je garde une trace de ces fragments de vie certainement insignifiants aux yeux des passants. Il y avait ce chat derrière la fenêtre qui cognait de sa patte contre le carreau. Un écriteau "Gaz à tous les étages" et des nuances de gris sur les immeubles. Ce vieil homme à la casquette de marin qui marchait sur le trottoir d'en face avec le poids des années l'obligeant à regarder vers le bas.
Et puis, une fois arrivée à destination, je me contente de vivre chaque minute qui m'est accordée auprès de ceux que j'ai si peu l'occasion de voir. Je ne cherche plus à saisir le bonheur de l'instant, je me laisse tout simplement porter par le plaisir d'échanger des mots, des morceaux de vie, d'être bien ensemble uniquement.
Les images se font rares mais les souvenirs sont précieux. La confiture des fruits du jardin au petit déjeuner, un repas partagé autour d'une belle table, le talent d'une grand-mère à déguster dans l'assiette et ces conversations que l'on voudrait faire durer encore et encore.
Très vite il me faudra partir, prendre la direction de l'Ouest et sentir cette impatience de retrouver ce que je considère mon second "chez moi".
Monter dans un train et voir le paysage qui change au fur et à mesure que le ciel se décharge. Les flaques et les toîts en ardoise, les vaches dans les champs et les numéros familiers sur les plaques d'immatriculation des voitures.
J'oublie souvent que le fait de vivre à distance n'empêche pas le temps de poursuivre sa course folle. J'attends toujours de retrouver les endroits familiers tels que je les ai laissés lors de ma dernière visite. Et pourtant, les changements sont à chaque fois évidents. D'ailleurs, j'en suis encore une fois revenue différente...