Un miracle en équilibre - Lucía Etxebarria
Titre original: "Un milagro en equilibrio".
Je dois remercier Kiara qui avait rédigé un très bon billet pour les VI en se basant sur sa lecture de ce livre et qui m'a donné envie de le lire... Je ne peux que la remercier de m'avoir fait découvrir cette perle de littérature qui me permettra certainement de lire davantage du même auteur!
L'auteur:
Née en 1966, Lucía Etxebarria est journaliste et romancière. En 1997, son premier roman, Amour, Prozac et autres curiosités, devient très vite un best-seller. Elle a remporté de nombreux prix littéraires dont le prix Planeta 2004 (équivalent espagnol du prix Goncourt) pour Un miracle en équilibre. Son dernier livre, Je ne souffrirai plus par amour, s'est placé en quelques jours sur la liste des meilleures ventes espagnoles. Longtemps rebelle, elle déchiffre le monde d'aujourd'hui et défend les droits de l'homme.
Résumé:
Eva écrit une lettre à sa fille Amanda qui vient de naître où elle se dévoile sans pudeur. De New York à Madrid en passant par Alicante, elle expose son intimité d'accro romantique déjantée avec son humour cru et cette manière de bousculer les traditions, de briser les tabous. Cette adresse à son bébé est autant une réflexion profonde sur la famille, la transmission, qu'un journal intime. À cheval entre son passé (sa mère est sur le point de mourir), son présent (la naissance de sa fille) et son avenir, Eva s'interroge sur l'art d'être mère et tente de répondre aux questions que sa fille se posera, en particulier... qu'est-ce qu'être une femme au XXIè siècle?
Quelques extraits:
À travers cette lettre, Eva souhaite exprimer son amour pour son enfant qui vient de naître, elle explique ainsi à Amanda comment son passé et son histoire personnelle l'ont conduite à prendre certaines décisions:
"Je veux qu'en tout état de cause tu saches que je me suis promis, même si tu ne peux me comprendre ni savoir ce que je suis en train de te raconter, de ne faire de toi ni un appendice de ma personne, ni le véhicule de mes ambitions, ni le miroir de mes vanités, de respecter tes opinions et tes goûts quand bien même ils ne correspondent pas aux miens, et de faire tout mon possible pour que tu te sentes aimée et forte"
Le ton est drôle et plaisant, surtout lorsque Eva évoque son nouveau quotidien de jeune Maman:
"Tu as passé toute la matinée à pleurer, et quand il s'est avéré que ce n'était ni parce que tu voulais manger (tu m'as recraché le lait à la figure avec indignation), ni parce que tu avais besoin de ta tétine (que tu as recrachée aussi), ni parce que tu avais sali ta couche, j'ai compris que la seule chose que tu voulais, ma petite emmerdeuse gâtée pourrie, c'était que je te prenne dans les bras, si bien que je suis en train d'écrire en te tenant dans mes bras, position extrêmement inconfortable pour moi mais qui semble t'enchanter, car maintenant tu es sage comme une image, tu regardes alternativement ta mère et le clavier, avec la plus grande attention, comme si tu envisageais sérieusement la possibilité de suivre, quand tu seras grande, les traces de celle qui t'a mise au monde (vu la façon dont ça s'est passé pour moi, je te le déconseille de tout cœur)."
Pour moi qui ai toujours écrit (bien plus encore depuis ma première grossesse), j'ai adoré ce roman de Lucía Etxebarria . Dans ses lettres Eva confie à sa fille Amanda son passé de jeune célibataire "libérée", ses errances de jeune femme qui se perd entre amours destructrices et addictions aux narcotiques.
"Je croyais que cela me faisait du bien de naviguer, sans jamais arriver au port, sur l'océan agité de l'alcool qui panse les blessures"
J'ai beaucoup aimé le cheminement de la réflexion de l'auteur sur les liens qui l'unissent aux autres, aux hommes et surtout à sa famille, dont elle parvient à se détacher afin de mieux construire son nouveau rôle de Maman:
"Tu n'imagines pas combien il m'est douloureux d'écrire cela, car toute ma vie j'ai rêvé d'avoir une famille idyllique qui m'aime inconditionnellement, une famille de série télévisée américaine, un havre où trouver refuge en cas de besoin. Et combien il m'est douloureux de considérer une illusion comme révolue. Cette illusion que nous caressons tous, mais qui ne peut se matérialiser dans la vie réelle. Car aucun être humain n'est parfait, et il n'y a donc pas de famille parfaite. Si les séries télévisées nous apprenaient plutôt que toutes les familles, toutes, sont fondées sur des liens d'affection et de complicité, mais que ces liens s'entrelacent de façon confuse avec d'autres qui ont nom jalousie, trahison, désillusion, envie, nous décevrions moins nos parents, nos frères, nos soeurs, et nous apprendrions à estimer chaque famille pour ce qu'elle est : ni meilleure ni pire, différente. Ou identique, si on veut. C'est évidemment une chose douloureuse à admettre. Il est douloureux de grandir. Mais comme dit ce chanteur italien : je suis désolée, la vie est comme ça, ce n'est pas moi qui l'ai inventée."
"Et elle sait que parler sincèrement signifie rompre certains liens, mais pour en nouer d'autres, moins resserrés, moins étouffants. Des liens anciens qu'il fallait rompre tôt ou tard car ils devenaient peu à peu la corde qui soutien le pendu. Et que la culpabilité est le prix à payer pour la liberté".
Je recommande ce livre à celles et ceux qui souhaiteraient découvrir Lucía Etxebarria ainsi qu'à ces Mamans qui écrivent ou qui aimeraient écrire à leurs enfants. Ce roman n'est pas seulement axé sur la maternité mais sur le rôle et la condition de la femme moderne, partagée entre ses désirs d'indépendance, de séduction, ses idéaux de femme active et ses élans maternels.
"Lucía Etxebarria décape la maternité avec l'humour qu'on lui connaît, mais aussi avec une profondeur et une émotion nouvelles" (Olivia de Lamberterie, ELLE)
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