Nos nuits, notre sommeil partagé
Hier soir, mes filles ont retrouvé leur chambre.
Chacune dans leur lit, elles m'ont appellé à plusieurs reprises pour le rituel habituel:
"Un peu d'eau, j'ai trop chaud, couvre-moi, un câlin, encore un bisou..."
Elles ont mis du temps à s'endormir mais la nuit a été tranquille, la baisse des températures nous a permis à tous de nous reposer après les dernières journées de canicule que nous avons supporté.
Cela faisait presque un mois que je n'avais pas dormi avec mon Mari. Avec nos horaires décalés et le rythme adopté durant nos vacances, nous avons adapté le jeu des "chaises musicales" aux lits de la maison. Tour à tour avec l'une ou l'autre, parfois les deux ensemble, nous avons dormi et même apprécié ce changement temporaire dans nos habitudes.
Ces nuits et ces instants de repos où nous partageons un coin d'oreiller sont rares mais ils n'ont plus le goût de la culpabilité que j'ai ressenti à mes débuts en tant que Maman.
Je me souviens de ces premières heures auprès de notre bébé à peine né, ce besoin que j'avais de la garder au plus près de moi confronté à ces remarques qu'il me fallait supporter... À ce moment là, je n'ai pas "choisi" de mettre ma fille dans notre lit. J'ai uniquement cessé de lutter contre le manque de sommeil et contre les pleurs de ce nouveau-né qui s´endormait uniquement à mes côtés.
Je n'osais jamais dire que ma fille partageait notre sommeil, qu'elle n'avait jamais froissé les draps qui bordaient son berceau et qu'elle se réveillait encore la nuit pour téter alors qu'elle avait plus de trois mois.
Je me souviens aussi de la première nuit où elle a dormi dans sa chambre. Comment pourrais-je oublier ces heures que j'ai vu défiler sur le réveil, ce manque que je ressentais de sa présence et ce sentiment qui essayait de me convaincre qu'il en était tellement mieux ainsi...
À la naissance de notre deuxième fille, je n'ai jamais ressenti cette culpabilité de la voir dormir à mes côtés. Je savourais la chaleur qu'elle m'apportait, je m'absorbais complètement de son odeur de bébé et je contemplais les traits de son visage qui changeaient d'un jour à l'autre.
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Ce matin, elles se sont réveillées plus tôt qu'elles ne le faisaient lorsqu'elles dormaient avec l'un de nous.
Je n'ai pas pu les voir s'étirer avant de se lever mais je sais que leurs yeux étaient à peine ouverts quand leurs petites bouches commençaient déjà à m'appeler...
Je suis allée les embrasser et plonger ma tête au creux de leur cou pour emporter avec moi la douce odeur de leur peau après la nuit.