La jeune femme et la mer
Il paraît que le mot "bateau" est l'un des premiers que j'ai appris à prononcer lorsque j'ai commencé à parler.
J'ai grandi au bord de la mer et toutes ces promenades le long des sentiers côtiers des abers finistériens ont toujours fait partie du décor de mes souvenirs.
Je me souviens de ces rares journées d'été où nous pouvions profiter de la plage. Il y avait toujours ces grains de sable noirs qui collaient à la peau et qu'il fallait gratter pour s'en débarrasser. Il y avait aussi ces longues algues qui s'entortillaient dans nos jambes lorsque nous essayions de nager, ces mêmes algues que nous appellions des spaghetti lorsque les goemoniers venaient décharger leur pêche le long de la cale de notre petit port.
Je me souviens aussi que nous avions l'interdiction de nous asseoir sur les rochers mais qu'il y en avait toujours au moins un de nous qui revenait avec une tache de mazout sur son maillot de bain...
Il y avait aussi ces heures passées à l'école de voile où nous pestions contre le crachin et le brouillard, où l'eau était toujours trop froide et la marée toujours trop basse. Je n'ai pas oublié non plus ces gilets de sauvetage avec leur sifflets au goût salé ni même le cabanon dans lequel il fallait enfiler nos vêtements qui collaient à cause de l'humidit,é tout en évitant de tomber contre les planches et les voiles entreposées à même le sol.
Et puis ces tempêtes en hiver, ces bourrasques de vent et ce déluge de pluie qui cognait contre les carreaux, la mer déchaînée couverte d´écume et cette couleur vert émeraude si caractéristique de cette région presque sauvage...
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Lorsque j'ai quitté la Bretagne, je n'ai jamais pensé à quel point cet environnement allait pouvoir me manquer. Pourtant, je vis au bord de la Méditerranée et c'est toujours avec beaucoup de plaisir que nous venons nous promener au bord de la mer. Cependant, il me manque ce vent breton qui sait si bien emmeler les cheveux et leur donner ce petit goût salé. Il me manque ce paysage déchiré par les rochers, la grisaille qui laisse parfois entrevoir de belles éclaircies, ces endroits qui me rappellent invariablement que c'est de là que je suis partie...
Dans quelques semaines je vais m'envoler en solitaire pour une poignée de jours dans le Finistère (j'ai encore du mal à y croire!!) et même si je sais déjà qu'il sera impossible de faire tout ce que je souhaite, je ne manquerai pas mon rendez-vous avec l'océan et je suis certaine que je choisirai la journée la plus grise pour aller crapahuter sur les dunes, écouter le bruit des vagues qui s'écrasent sur les rochers et laisser le vent faire des noeuds dans mes cheveux tout en emportant un grand bol d'air chargé d'iode.
Edit. Ces photos ont été prises au Grao de Castellón de la Plana alors que nous profitons de ces derniers jours d'été.
Je porte un top cousu de mes petites mains au début de l'été selon un patron de Papillon et Mandarine et un pantalon de chez Mango.