De la douleur à la douceur
Les instants les plus brefs et les expériences les plus ordinaires nous permettraient-ils de mûrir les plus importantes réflexions?
Ce n'était qu'un coucher de soleil, un moment de la journée auquel on prête souvent peu d'attention. Il n'y avait ce soir-là que le bruit des vagues à la marée montante et les rires des mouettes au bord de l'eau. Les Demoiselles méritaient une douche avant de pouvoir se coucher et je renonçais à l'idée tentante d'un bain nocturne. Le soleil descendait doucement derrière les falaises et me faisait presque oublier l'averse qui avait ruiné notre balade de l'après-midi.
Je marchais les pieds dans l'eau et les sandales à la main, le regard pointé vers cet horizon aux couleurs fascinantes.
e ne cessais pourtant de m'interroger...
Pourquoi cet endroit est-il aujourd'hui marqué par la tristesse alors que dans ma mémoire il représentait de précieux souvenirs d'enfance?
Tout ce qui rejoint la blessure liée à la perte d'un être cher devient immédiatement douloureux.
Dès que mon regard se pose sur un objet lui ayant appartenu, dès que je me rends dans un endroit où nous avons partagé un peu de notre existence, dès que je me souviens de ses expressions, que j'entends les chansons qu'elle aimait, que je lis les auteurs qu'elle appréciait, mon cœur se serre inévitablement.
Cet ensemble auparavant insignifiant est devenu omniprésent.
Mais si je me laisse sans cesse gagner par le poids de la tristesse et de la nostalgie, de quoi seront donc faits mes souvenirs de demain?
Bien sûr que la douleur sera toujours là mais si elle est accompagnée de moments agréables tel que celui passé sur la plage à voir la journée se terminer, elle se fait plus légère, moins envahissante.
J'ai envie de croire que l'on peut apaiser cette douleur en lui associant ce que l'on a de meilleur, soulager les cœurs en se construisant de nouveaux souvenirs. J'aime revivre ces souvenirs mais pour qu'ils redeviennent agréables à ma mémoire, j'ai besoin de leur assortir ces moments heureux que je vis grâce à mes Demoiselles, ces instants précieux à contempler le monde tel qu'il s'offre à nous jour après jour, les couvrir de douceur pour atténuer la douleur...
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[ Photos prises sur la plage de Pentrez dans le Finistère - Juillet 2014 ]
L'amour perdu, c'est encore de l'amour, sous une autre forme, c'est tout.
On ne peut pas voir leur visage, on ne peut pas caresser leurs cheveux, ni les faire danser dans nos bras.
Mais quand nos sens faiblissent, une autre force se dresse. La mémoire.
Les souvenirs te tiendront compagnie.
Chéris-les. Garde-les. Danse avec eux.